mercredi 8 décembre 2004

Crachat d'ornithorynque cancéreux

Aujourd'hui est un jour un peu particulier. Je fais un ptit voyage à Lille pour passer une épreuve, pour un concours. Je me lève à 9h. J'ai direct la gerbe, mais ça se calme vite, avec un nesquick et des tartines au nutella. Putain ouais, ça faisait longtemps que je m'étais pas levé si tôt.

Dans le train, j'écoute les Wannadies avec mon balladeur cd à 19 euros de chez Leclerc, ce balladeur cd qui est tellement pas cher qu'il a pas d'anti-choc...le train est pourtant pas spécialement remuant, sur le trajet y'a très peu de suicidaires allongés sur les rails, mais quand même, les moindres vibrations sur mon genou font sauter le cd et cassent les chansons. De quoi m'agacer un peu.

A un moment le mec derrière moi passe un coup de fil, et sans pudeur aucune il commence à raconter sa life à voix haute, si haute que tout le wagon l'entend. Je baisse le son du balladeur pour m'adonner un peu à l'oreillisme (variante du voyeurisme), il s'énerve un peu : "ATTENDS JE VAIS ALLER LE VOIR MOI, S'IL ME REND PAS L'ARGENT JE VAIS GUEULER IL VA M'ENTENDRE"
Ah la la...ces régions du nord, les beaufs qui gueulent et s'engueulent. "POURQUOI IL VIENT PAS ME VOIR D'ABORD ?? IL A PEUR ??"
Un peu plus loin devant moi, une jeune femme qui faisait des mots croisés me jette un regard complice en souriant, l'air de dire "hihi, comment on entend tout ce qu'il dit l'autre, c'est vraiment la honte !" Je remonte le son du balladeur à fond.


IT WAS ALWAYS YOUUUU AND MEEEEEE ALWAYYYYS AND FOREVERRRR, you and me song des wannadies, trop vieux. Je repense à un épisode récent de ma vie, ça craint.

Arrivé à Lille Europe il fait un froid de connard. J'achète un sandwich au poulet et un coca.

A la fac de Lille 3, j'erre un peu dans les bâtiments. Devant les amphis d'histoire de l'art, y'a des djeunes aux coiffures hirsutes et aux fringues trop cool. J'ai un peu honte de passer devant ces merdeux. Devant les amphis de psycho y'a des jeunes habillés très sobrement qui boivent un café en discutant de théories cognitives. Comment ils se la pètent...je continue ma promenade, je saisis au vol une discussion entre deux meufs assises sur des escaliers, qui parlent des ogres de barback. Plus loin un mec met une pièce dans un distributeur, son paquet de fingers reste coincé et refuse de tomber. Il frappe mollement sur la machine, comme un singe dans une expérience cherchant à comprendre comment il peut obtenir sa nourriture. Je croise une femme bizarre, dont la lèvre inférieure est ultra gonflée, comme dans les mangas. Elle la cache avec un col montant, trop triste. Suite à cette monstrueuse vision, j'me dis que je suis pas venu pour rien quand même.

J'arrive 10 minutes avant le début de l'épreuve. Salle X1.
L'attente est chiante. Je me souviens que mon nouveau portable prend des photos.



Autour de moi les meufs sortent leur trousse, leurs kleenex, leur petite bouteille Vittel, leur mandarine. Une vieille prend un micro et annonce à tout le monde que sur les 800 présents, seuls 83 seront pris. Un peu partout dans la salle les candidats rient nerveusement, quand ils sont pas complètement désespérés. J'ai une chanson idiote dans la tête, j'ai bien peur qu'elle y reste, comme si elle était assise sur un canapé moelleux face au seigneur des anneaux, et qu'elle comptait le mater jusqu'au bout.
Le QCM de culture générale est assez difficile. C'est de la culture générale assez peu généralisée. Laquelle de ces 4 vieilles tapettes a écrit le chant du rossignol en hiver ? Berlioz, Mozart, Bach ou Beethoven ? Alexandre Solvinskovitchisky est un espion soviétique, un écrivain russe, ou un ministre russe ? Qu'est-ce que j'en sais...heureusement y'en a aussi des faciles, je sais que le CAC 40 n'est pas un groupe de rock mais un indice boursier, on me la fait pas, dieu merci je m'y connais en rock.

On enchaîne avec un commentaire de texte, portant sur un article du nouvel obs. C'est plutôt facile. Je pars 1h30 avant la fin, tout le monde me regarde, j'aime pas ça. Une fois dehors, l'air gelé me friigggooorriffieee...
Je passe un bébé coup de fil à mask. Il quitte le net pour me rejoindre devant le Furet sur la Grand-Place.
Comme chaque année y'a la grand-roue qui tourne, avec des connards de gens accrochés dessus. Y'a aussi les plus grands airs de Noël diffusés avec des hauts-parleurs, ça craint trop. Faut voir la mièvrerie des chansons, quand on dit que la musique adoucit les moeurs, parfois elle attise la haine aussi.
Au rayon presse, mask cherche désespérement le nouveau numéro du NME. C'est pas aujourd'hui qu'il l'aura. J'hésite beaucoup à acheter le coffret Nirvana, je le caresse, le soupèse, 56 euros c'est pas donné. Au final j'me dis que je le téléchargerai, avec un degré de scrupules estimé à 40%.
On va boire un verre au Balatum. On réfléchit à la nullité des blagues carambars qui nous sont offerts avec le thé, on envisage qu'une édition limitée de carambars aux blagues salaces interdits aux mioches serait intéressante. On feuillette une revue gratuite gay, qui comporte un grand questionnaire-sondage assez indiscret, sur le nbre de rapports sexuels dans l'année, les pratiques réalisées, etc. Le temps passe vite, je dois reprendre le train.
A partir de là j'ai qu'une hantise : que les piles de mon balladeur rendent l'âme durant le trajet de retour.

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