vendredi 5 janvier 2007

Ces derniers jours

Hyeault cher journal,

Jsuis bien content de te retrouver. Ah la la, ces derniers jours...ah ben tiens, c'est le titre du post.
Hey, tu permets que je fasse un peu ma Cosette ? Remarque t'es un peu là pour ça et t'as pas beaucoup le choix.

Ces derniers jours je m'en suis pris plein la gueule. J'ai entendu, venant de la bouche de moult gens, famille, amis, et autres (soit le monde entier ?), des trucs sympatoches du genre :

"Tu es une merde"
"Tu nous déçois"
"Tu es pathétique"

Je précise que ce sont les phrases telles quelles, et je suis pas vraiment une personne susceptible, mais à un moment quand même bon.

Enculé de journal, je t'aime bien tu sais. Et puis j'ai changé d'avis, j'aime écrire dans le vide. Oui avant je voulais changer les choses, provoquer des réactions, des débats, des trucs comme ça.
Maintenant j'apprécie fortement le silence. Tu sais ptit journal, tes réponses, comme elles existent pas, elles sont cools. Pas parce qu'elles me font croire que j'ai raison. Plutôt parce qu'elles m'agressent pas. Croire que mes bouteilles lancées errent sans trouver de destinataire, c'est d'une douceur apaisante.

Quand on lit le profil des gens, dans la série "j'aime" et "j'aime pas", on trouve souvent "j'aime pas : le mensonge, l'hypocrisie"

Ces derniers jours j'ai fait l'expérience interdite. Celle de parler dans la vie comme sur mon blog. Je sais pas si vous voyez, mais pour expliquer rapidement, c'est un peu genre comme si je m'assumais et que j'étais moi-même dans la vraie vie.

Quand on lit les devises des gens, on trouve souvent l'idée que "Etre soi-même, c'est important".

Tout ça est bien en théorie.

En pratique, après avoir discuté d'Art avec la secrétaire du CMP, très gentille madame, enfin gentille, mais qui faisait des allées et venues pour aller parler à la psychiatre et troubler ses entretiens, et lui dire "Y'a monsieur death qui est là, et il est bizarre, enfin il a bu, il faudrait le prendre un peu plus tôt".

La secrétaire revient, on discute encore sympatiquement. Elle reçoit un appel, elle répond avec douceur en cherchant dans ses carnets de rendez-vous, en essayant de concilier les dates, etc, son job quoi. Elle raccroche.

- Belle prestation :)
- C'est à dire ?
- Ben l'intonation gentille, tout ça. Moi je trouve que vous êtes une des personnes les plus rassurantes et gentilles quand j'appelle, je tenais à vous le dire.
- Merci, c'est gentil. Mais c'est normal, c'est mon métier.
- Oui m'enfin il pourrait y avoir une lassitude, moi je trouve que vous faites bien les choses.
- Ben merci monsieur Death, ça me fait plaisir ;)
- Et comment vous faîtes pour être si gentille et normale ?
- Normale je sais pas, gentille je pense que c'est mon caractère :)
- Et quand vous répondez au téléphone comme ça pendant toute la journée avec une intonation si spéciale et impersonnelle, vous existez encore ? Ou vous êtes un robot piégé dans la société ?
- Ben y'a une grande part de robot oui, c'est vrai. Mais il y a autre chose aussi.
- Y'a quoi d'autre ?

Sur ce, la psychiatre arrive et dit d'un air compatissant à la secrétaire "vous pouvez y aller, je le prends" en me montrant du doigt sans même me regarder.

- Ah bon, vous me prenez.
- Oui oui, vous me suivez monsieur Death ?

On va dans son bureau.

- Alors, vous allez mal là, qu'est-ce qui se passe. Vous vous rendez compte que vous vous conduisez bizarrement ?
- Euh non. J'ai dit quelque chose de bizarre ?
- Vous sentez le whisky, vous titubez.
- Ah bon c'est pour ça que je suis bizarre, je vais prendre un tic-tac et je serai moins bizarre si vous voulez.
- Bon vous voulez pas être hospitalisé ?
- Hein ?
(Elle prend le combiné du téléphone)
- Vous allez venir un peu à l'hôpital vous reposer quelques jours, d'accord ? (avec l'intonation d'une connasse qui parle à un débile)
- Euh y'a une chose que j'ai à dire.
(Elle raccroche)
- Ah ! Pour une fois ! Eh bien je vous écoute !
- Bah déjà bonjour.
- Hum...oui, bonjour.
- Ensuite euh vous me demandez si je suis d'accord en ayant déjà le combiné dans la main, c'est normal ça ? J'ai pas dit que j'étais d'accord et je le suis pas.
- Bon, on va appeler votre maman. (Elle cherche le numéro dans le dossier)
- Dites moi, c'est possible de discuter avec vous ? (Elle compose le numéro sans répondre) Je dis ça parce que j'arrive à peine dans votre bureau et y'a une espèce d'hystérie là. Je sais que c'est la fin de journée et que je suis le dernier client mais là on dirait que vous voulez vraiment vous débarrasser de moi...
- Oui, vous êtes la maman de death ? Il faudrait que vous veniez le chercher au CMP là, parce qu'il y a un problème avec lui.

Ensuite elle demande à la secrétaire de venir me surveiller, pendant qu'elle va faire je ne sais quoi. La secrétaire vient s'asseoir à côté de moi et me regarde avec compassion :

- Il vaut mieux ça que d'être hospitalisé...
- Euh ouais enfin j'comprends pas trop ce qui se passe là, j'ai même pas pu parler.
- Hum...

Ma mère arrive, paniquée, évidemment avec un coup de fil aussi con, le contraire aurait été difficile. Et direct elle me gueule dessus.

mother : MAIS YEN A MARRE DE TES CONNERIES !

death : mais quelles conneries ? De quoi on parle là ?

psychiatre : j'ai proposé de l'hôspitaliser parce qu'il est très instable mais il refuse.

death : ouais enfin faut voir la proposition quoi, limite avec un flingue sur la tempe. Moi je m'en fous d'aller à l'hosto, je retrouverai des connaissances, mais ça coûte du fric et j'ai pas envie. Et j'ai autre chose à faire.

psychiatre : vous avez une mutuelle, non ?

death : ouais sauf qu'à chaque fois on reçoit plein de factures pour des prises de sang ou je ne sais quoi, la dernière fois + de 100 euros dans la gueule quoi.

mother : non mais je vais le ramener, mais qu'est-ce qui te prends, pourquoi t'es comme ça ??? Et t'as vu les cernes que t'as, et comment tu parles ??

death : et vous avez vu comment vous parlez, vous ? Alors que je suis super calme et cool, je me retrouve avec des hystériques qui me disent n'importe quoi.

mother : oh non...c'est pas possible...moi j'en ai marre là, j'en peux plus...

death : ouais moi aussi.

psychiatre : bon, je vais faire l'ordonnance.

(Elle me tend la feuille)

psychiatre : c'est bien ça que vous prenez ? (elle me demande à chaque fois parce qu'elle note rien et oublie tout, généralement je m'en fiche, mais là y'en a un peu marre)

death : oh bah c'est pas bien de pas savoir...c'est un peu le minimum de votre boulot, faudrait peut-être vous hospitaliser ?

mother : DEATH ! SI TU TE FAIS INTERNER JE VIENDRAI PLUS JAMAIS TE VOIR !

psychiatre : laissez, laissez...il est comme ça depuis tout à l'heure.

death : ah bon, comme quoi ? Il est comme "ça" depuis tout à l'heure, c'est quoi "ça" ? Une grosse merde ? Qu'est-ce que j'ai dit d'anormal ?? Ah mais c'est vrai, le patient est con et débile, c'est un peu le principe.

psychiatre : on n'a jamais dit ça.

death : on le dit pas mais on le fait. ON LE DIT PAS MAIS ON LE FAIT.

*****

Par la suite, après 100 sermons que j'ai pas compris, ma mère me reconduit chez moi. J'en ai vraiment assez. Je vais chercher mes médicaments à la pharmacie.

Je fais des calins à mon chat, je bouffe un truc. Je vais faire un tour sur msn, trouver un peu de réconfort auprès d'amis, on fait un salon.
Je commence à raconter l'épisode chez la psy.

Youkkoulélé dit : Si tu écris mal, je me casse.
Ok, ça commence bien. Oui parce que j'ai fait quelques fautes de frappe, et Youkkoulélé ne supporte pas. M'enfin j'ai fait 3 phrases quoi, c'est possible de me laisser parler un peu et me laisser une chance ? C'est possible de discuter ? Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ? C'est la journée spéciale "quand j'ouvre la bouche on me crache à la gueule" ?

Bref, je continue d'essayer de raconter, sans faire de fautes, mais je vois que Youkkoulélé et Muskadet me chient des pavés tout préparés. Des "principes".

On me dit que je suis pathétique encore, que ce que je dis est pitoyable, que j'ai aucun avenir et que je vais pourrir dans ma merde.

Je dis bonne nuit et je ferme msn. Bonne discussion de 5 minutes, très cool. J'hallucine un peu, j'me demande si c'est pas une conspiration.

Je déprime un peu. Et puis en voyant les boîtes d'anxio et de somni je me dis que j'ai envie de disparaître, et par pulsion je les bouffe toutes.
90 cachets, et même pas mort. Je crois que mon corps est trop habitué et que c'est plus la peine.
Le lendemain on me retrouve inconscient tout de même, parmi des détritus et pas mal de choses cassées. Ma famille avait fait des doubles de mes clés dès le premier jour où j'ai eu mon appart, les choses sont prévisibles, normal.

Je dors beaucoup. J'ai un vague souvenir qu'après j'ai fait le tour du jardin plusieurs fois avec ma grand-mère qui me soutenait telle une béquille, j'ai sûrement du lui dire la tête dans le cul que je l'aimais et que je regrettais de la faire souffrir. Mais je suis malheureux, à un point que personne ne peut imaginer à moins de le ressentir. J'ai dit pareil à ma mère, et à un peu tout le monde.
Je crois que c'est important de le préciser, parce que certains croient que je fais ça juste pour emmerder le monde. Comme si j'étais sadique, comme si j'aimais torturer mon entourage, ça me blesse qu'on puisse penser une horreur pareille. Et j'ai eu des hallucinations en direct face à ma famille, et j'ai honte, parce k'ils ont vu que mon cerveau est détraqué alors que je l'avais toujours plus ou moins caché.

J'ai l'impression que chaque phrase que je dis est considérée comme une divagation maintenant.

Après j'ai vu Life et Yamayo, qui se sont retrouvés un peu malgré eux dans cette histoire. J'me souviens plus trop, mais je crois qu'on a pris le thé avec mémé et que j'ai pris deux sucres. Au soir ma mère est passée, prendre le relais de mes amis. Y'a eu une affreuse discussion où je m'en suis encore pris plein la gueule. Avec ma mère à bout de nerfs, et je suis désolé, désolé. Face à mes amis, je suis plus à une humiliation près.
Au final elle m'a laissé à l'appart mais avec minus frère, 14 ans, pour veiller sur moi.

Jme suis remis sur pieds très vite physiquement.

Aujourd'hui j'ai été cherché des clopes dans un café et une meuf m'a reconnu. La grande soeur d'un ancien ami, elle m'a invité à boire un coup.
- Alors tu fais quoi dans la vie ?
- De la musique, de l'écriture.
- Nan mais ça ok, mais tu fais quoi en fait ?
- En fait ?
- Bah oui, la musique j'imagine que c'est une passion, mais tu fais quoi à côté ?
- A côté je déprime.
- Erf, mais il va pas me répondre hein...lol
- Mais tu veux que jte dise quoi, qu'en dehors je fais caissier ou une connerie du genre ?? CA TE RASSURERAIT TELLEMENT ?

A part cette petite prise de bec, la discussion a été cool, sauf qu'un vieux poivrot en face de moi me prenait pour un petit merdeux. Il avait visiblement pas mal de verres de vin dans le nez. C'est certainement pas moi qui ferai la morale là-dessus. Par contre quand il m'a dit que je connaissais rien à la vie, je lui ai dit "Ah ouais c'est vrai j'ai pas fait la guerre, c'est sûr que faire la guerre c'est super glorieux".

En fait j'ai cru que j'allais péter les plombs. C'est humiliations sur humiliations, j'ai eu l'impression que le monde entier était contre moi. Je me suis dit qu'est-ce qui se passe, en fait ils ont raison je suis fou ?

******
Ces derniers jours on m'a dit des phrases choquantes, sur lesquelles j'aimerais revenir un peu.
"Tu te rends compte que tu as un appart, de quoi manger, que tu as tout pour être heureux ? Y'a des gens qui sont à la rue, qui ont froid, qui ont rien"

Je reviens pas sur la première partie qui veut rien dire, et pour la seconde partie, ces gens ont qu'à se suicider.

Les gens parlent sur moi, disent plein de choses fausses.

"Tu te complais dans ta merde et ta souffrance"

Si je me complaisais, je voudrais vivre très longtemps, pour bien baigner dedans à fond vous voyez, et même, je tuerais qqun pour aller en prison, comme ça je serais encore + dans la merde et j'en tirerais encore + de plaisir. Bien sûr.

Je me complais pas dans ma merde, vouloir mourir c'est vouloir abréger la souffrance, vous trouvez que c'est se complaire de vouloir stopper ?

"Tout ce qu'on te dit ça rentre par une oreille et ça ressort par l'autre"
Non, j'ai juste un avis différent, et comme vous voyez, j'oublie pas si facilement.

"Si tu voulais vraiment mourir tu ferais quelque chose de plus radical, comme te pendre"
Toujours dans ma logique, j'essaie de fuir la souffrance. Et y'a des manières de mourir qui font moins souffrir que d'autres. Les mecs qui se pendent généralement dans les films ont quand même un ptit moment de rictus d'horreur genre ils étouffent et souffrent. Désolé d'être une chochotte, ouais je suis une lavette. Me buter avec un flingue je veux bien, je vais en acheter un à carrefour ? On est pas aux states ici. Sauter d'une falaise ça me ferait pas souffrir, et j'ai pas le vertige, donc j'y pense, mais quand je vais sur google pour voir celles qui sont près de chez moi, je m'aperçois qu'elles sont malfoutues, et que si on saute on peut juste devenir tétraplégique.

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Bref, on atteint le glauque.
Pour apporter une note d'optimisme, demain je change de psy et de traitement.
Là j'me sens plutôt bizarre. Je comprends plus trop en fait.
Avant de faire ce post, j'ai fait un tour sur mes blogs pour voir ce qu'il y avait de nouveau et pour me détendre. Et j'ai vu que quelqu'un m'avait laissé un com tout récent, datant du 2 janvier :

2007-01-02 21:34:31 :

assistant social commente la note koh lanta saison 10 :

Tu n'es vraiment qu'un sale con ,batard je me suis volontairement inscrit en tant que bénévole pour travailler dans un centre pour trisomique,et la je trouve qoi???Un con qui n'a rien à foutre mis a part les insulter?? quelle décadence !!!Ait honte de toi et ferme ce blog connard !!!!